Savez-vous ce qu’est un slasher ? Vous en êtes peut-être un, sans le savoir … Le slashing désigne un phénomène de société qui remet en question les codes traditionnels du travail. Loin d’être un phénomène nouveau, il est juste plus visible car il inquiète autant qu’il fascine. Les slashers exercent plusieurs activités professionnelles souvent sans rapport l’une avec l’autre et tout en même temps. En caricaturant, on pourrait dire que c’est être professeur des écoles en semaine, graphiste à ses heures perdues et serveur le weekend. Les slashers exercent souvent une ou plusieurs de leurs activités en télétravail, dans le monde du digital et en freelance. On ne désigne pas ici une problématique, c’est une constations car les slashers le sont de manière volontaire et par choix, non par impératif économique.
Les slashers en France, plus nombreux qu’on le pense
Serait-ce une tendance venue des « States » ? Non, elle est bien présente en France ! On estime que 2 à 4 millions de Français sont des slashers, c’est-à-dire qu’ils cumulent plusieurs activités professionnelles, pour le plaisir de faire des choses différentes, diversifiées.
Les slashers ont souvent en commun d’appartenir à la génération Y, ils sont curieux, enthousiastes, ils sont multi-potentiels et créent facilement du lien. Sont-ils volatiles ? Pas forcément, ils peuvent avoir un CDI dans une entreprise et assumer parfaitement leur emploi, tout en ne souhaitant pas mettre tous leurs œufs dans le même panier et en gardant un pied en freelance ou un autre job en plus, au cas où…
Dans un monde professionnel en mutation, où l’incertitude fait face à la difficulté de trouver un job dans sa branche au sortir des écoles, les slashers apportent une solution qui fait ses gammes depuis plusieurs années et récolte de plus en plus de succès !
Les slashers sont épanouis, ils n’occupent pas plusieurs postes pour des raisons financières. Ils aspirent à ne pas s’ennuyer, à jouir d’une vie professionnelle épanouie qui leur offre un surcroit de liberté. Pour les employeurs, c’est déroutant … On sent comme une pointe de jalousie, comme une incompréhension, car on sort du modèle de l’hyper spécialisation des Trente Glorieuses, qui fut le modèle de référence : Une vie, Un travail, c’est bien derrière nous. Mais un job en même temps, c’est aussi un modèle remis en question ! Et si la solution était le pluralisme de la vie professionnelle ?
Pour aller plus loin : Lisez notre article sur les salariés multipotentiels au travail.
Quand les modes de travail influencent la société
Les slashers redistribuent les cartes. Ils ne sont pas intéressés par les avantages du salariat. S’ils ont parfois un CDI, très souvent ils sont totalement freelance et c’est avec le statut de l’auto-entrepreneur (en 2009) que les slashers ont pu se révéler.
Avoir plusieurs activités devient facile, comptabilité simplifiée, impôts payés uniquement sur le chiffre d’affaires réel. Pour les nombreuses nouvelles recrues sur le marché du travail, qui aspirent à la liberté, qui placent le bien-être au cœur de leur vie professionnelle, c’est une manière parfaitement justifiée de laisser s’exprimer leur multi potentiel.
On pense parfois que les slashers ont du mal à choisir entre peintre, pâtissier et formateur, mais eux vous répondront : « pourquoi choisir ? ». Le slasher est heureux de son choix (ou plutôt non choix !) et s’il le fait, c’est parce que les attraits du CDI qui ouvre la couverture médicale complémentaire, la possibilité de devenir propriétaire en faisant un emprunt, la stabilité matérielle, ce sont des lumières qui ne les attirent plus.
Flexibles, agiles, certains travaillent quand ils en ont besoin ou envie, ce qui pose des problèmes pour les recrutements, pour la fidélisation des salariés, pour limiter le turn-over et l’absentéisme dans les entreprises. Mais les slashers souhaitent aussi contourner les problématiques de plus en plus présentes du stress au travail. Harcèlement, violence, horaires complexes qui demandent des sacrifices dans la vie personnelle, ils n’en veulent pas ou plus.
Pour aller plus loin : Lisez notre article sur la prévention des risques psychosociologiques au travail.
Le slasher ou la vie professionnelle sur-mesure
Le mot slasher vient du caractère typographique sur nos claviers d’ordinateur, pour séparer les mots d’une liste. C’est en cumulant que les slashers s’épanouissent, en concoctant une carrière sur-mesure qui leur va bien.
Grâce à leur adaptabilité rapide, leur ouverture d’esprit, leur capacité d’apprendre, synthétiser rapidement, ils sont de précieux alliés pour les entreprises qui ne doivent pas en avoir peur ! Les slashers contribuent à l’inversion des jeux de pouvoir dans la société. Ce ne sont plus les salariés qui doivent séduire les entreprises, mais c’est l’entreprise à qui l’on demande d’offrir un visage honnête, collaboratif et agile à ses salariés.
Aménagement des horaires, télétravail, passage en mode « projet » plutôt que des horaires établis pour atteindre des objectifs, tout est affaire de coopération entre le slasher et l’entreprise qui l’emploie. Les slashers sont des hyperactifs, de grands curieux qui pourraient être sujets au bore-out (s’ennuyer tant dans son travail qu’on en devient stressé et dépressif), ou au brown-out (ressentir de la perte de sens dans son travail, un manque de motivation).
C’est une solution pour exercer une stimulation continue dans son environnement professionnel, sans pour autant s’épuiser. Loin de la lassitude, le travailleur pluriactif (qui a souvent moins de 35 ans) est un vrai partenaire pour son entreprise, car il garde une fraîcheur relative à son expérience multiple, qu’il convient de souligner.
Pour aller plus loin : Lisez notre article de blog sur le Brown-out, pour comprendre cette nouvelle forme de stress au travail. Vous ressentez parfois un sentiment d’inutilité dans les tâches que vous exercez dans votre entreprise ? Une lassitude due à une perte de sens ? Lisez notre article pour en savoir plus sur le brown-out.
Et vous, seriez-vous prêt à travailler de manière consciente et volontaire avec des slashers ? Oseriez-vous intégrer à votre équipe, des collaborateurs qui cumulent plusieurs activités professionnelles ?